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17/01/2020
« Une génération ». Voilà le thème de la dixième édition du Nikon Film Festival. Tous les participants avaient jusqu’au 15 janvier pour soumettre un court-métrage, de deux minutes vingt maximum, sur ce sujet. Parmi la profusion de propositions, nous avons souhaité parler de Grace, le court-métrage de Marion Filloque et Ophélie Bau. (Image mise en avant : © Marine Destombes)
Grace © Marion Filloque et Ophélie Bau
Gros plan. Fumée de cigarettes. Cernes. Cheveux en bataille. Il est presque difficile de croire que la jeune femme que l’on voit – interprétée par Ophélie Bau – est celle du post instagram qui s’affiche sur son écran
GRACE
Samedi 27 juillet 2019
STADE DE FRANCE
Sans savoir exactement quel jour nous sommes, nous devinons que quelque chose ne va pas. Nous ne voyons pas seulement l’envers du décor, la star qui se repose quand elle n’est pas en représentation. Il y a quelque chose de plus. Un ras-le-bol peut-être. Les lumières tamisées et le luxe de la décoration ne cachent pas le désordre qui règne dans cette pièce, un désordre à l’image du désordre intérieur de la personne qui occupe cette chambre.
Les vibrations incessantes du téléphone envahissent nos oreilles et les siennes. Grace est épiée, accaparée, enviée, jalousée. Même par Julie qui l’appelle. Malgré la musique très forte et les bruits de foule, on entend sourdre la colère et la jalousie : « t’as de la chance », ou encore « tes petits états d’âme là, tu te les mets là où je pense ». C’est violent. Très violent. Trop violent. Et toute cette violence vibratoire accompagne Grace dans la moindre de ses actions, jusqu’à son brossage de dents. C’est trop.
Alors elle nous fait rire Grace quand elle se prépare pour finalement…se mettre en pyjama et aller se coucher. Quel pied de nez, fallait oser ! Mais le rire est de courte durée. Les « petits états d’âme » étaient plus graves que ce que l’on pouvait imaginer. Cérémonie du coucher, la reine s’expose une dernière fois aux regards avides de ses millions de courtisan·e·s...
Grace © Marion Filloque et Ophélie Bau
Sous un format très ramassé, Ophélie Bau et Marion Filloque font poindre une douleur incommensurable et une pression sociale insupportable pour celles et ceux qui ont des métiers-vitrines et qui ont du mal à garder coûte que coûte le lisse du verre. À force de n’être considéré·e·s que comme des vitres blindées, iels finissent par exploser. Attention aux coups de bélier.
Vous pouvez voir et soutenir ce court-métrage en cliquant ici.
Alice Boucherie